#POGD 27 Bienheureux les feignants

Une poésie par semaine dans ta boite mail

Lisant le poème de la semaine pour la troisième fois consécutive, l’image d’Alexandre le Bienheureux m’est apparue comme l’illustration parfaite. Pour celles et ceux qui n’ont pas la référence, Alexandre, cultivateur dans la Beauce, voit avec son brusque veuvage disparaître simultanément sa femme (sic) et l’obligation de travailler. Un film ou Philippe Noiret donne de sa personne comme jamais. La paresse érigée en art.

L’homme fait tout depuis son lit, le poète aussi. Cette semaine, je vous exhorte à faire de même. Alors bien sûr, il y a dans le poème une ou deux références que vous n’avez sans doute pas. Une sombre histoire de guerres d’Italie, de compte Palatin et de royauté. Ça et un dénommé Baudoin dont on se demande bien qui il peut être. Autant de nouveaux termes qui risquent de faire travailler votre ciboulot. Ne vous appesantissez pas dessus, laissez les mots glisser sur vous comme l’eau sur les plumes d’un canard. Après tout c’est de la poésie, non ?

Au pire, ne lisez pas le poème et allez regarder Alexandre le Bienheureux. Le film est vraiment bien. De mon côté, je dois vous avouer que j’aurais pu rédiger cette newsletter avec l’intelligence artificielle. Mais à bien y réfléchir : flemme de rédiger un prompt.



Le paresseux

Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.

Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.

Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s'en enfler ma bedaine,

Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers.

Marc Antoine Girard de Saint-Amant, Anthologie de la poésie du XVII, Poésie Gallimard

Anecdotes & Broutilles

L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.

  • Issu d'une famille de marchand les Girard, Marc Antoine modifie son nom jusqu'à obtenir le long et fastueux patronyme de Marc-Antoine de Girard, escuyer, Sieur de Saint-Amant. En clair, il s'anoblit lui-même. (tremper sa propre louche dans la soupière)

    Né protestant, Marc Antoine Girard de Saint-Amant (1594 - 1661) se fait connaître à Paris dans les milieux libertins dans les années 1620 avant de se convertir prudemment au catholicisme en 1625 (son sabre et le goupillon)

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