#POGD 13 Radicaliser l'espoir

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Vendredi, la fin de semaine tombe — ici à Paris — sous un mélange de soleil et de pluie. La vie hésite. Moral en berne ou humeur apaisée à l’approche du week-end ? Face à ce sentiment trouble, j’ai eu envie de proposer un poème fin, un poème délicat, un poème qui chante la vie comme un ruisseau entre deux pierres. Un poème entre culotte courte et saucisses grillées.

Et puis, j’ai trouvé ce poème qui n’est pas une poésie. Un extrait de la correspondance d’Albertine Sarrazin (1937 - 1967) à son mari, Julien. Il n’y a pas besoin de faire des vers pour faire de la poésie, la simple radicalité suffit. L’erreur serait de croire que c’est elle, Albertine la radicale. Non, elle subit juste la radicalité de la vie dans ce qu’elle a de plus violent et injuste parfois (je vous laisse chercher sur wikipédia).

Une fois l’orage passé, elle relève la tête et choisit l’espérance. Le monde en a besoin, puissions-nous faire le même choix.


À JULIEN SARRAZIN

«  Tu n'as donc pas compris que pendant des mois à Paris, et des années ailleurs, j'ai joui comme on se tue, j'ai poursuivi le fric parce qu'il donne l'illusion de posséder quelque chose. J'ai fait tout le mal que j'ai pu parce qu'l faut détruire rageusement ce qui vous rend jaloux ? J'ai cru que la... (une ligne illisible). J'ai piétiné tous les espoirs à la traîne, j'ai brisé ce que j'aurais adoré. Tout ça, c'était raté. Je pouvais me contracter des heures entières, passer enfin pour la dure salope, la perdue, l'irrécupérable. J'ai à mon actif toutes les vacheries, toutes les débauches. Mais comment, Toi, n'as-tu pas senti que, tout au fond, c'était raté ? que mon cœur crevait d'amour et fondait à la moindre étincelle de beauté ? que toute haine tournait en moi à l'indifférence et qu'en fin de compte, je jouais ma dernière chance sur l'amour ? Et que je ne pourrai jamais passer en marche arrière ? N'importe. Je veux croire, jusqu'au bout. »

Albertine Sarrazin,(Romans, lettres et poèmes, 1969) in Poèmes de Femmes, Régine Deforges

Anecdotes & Broutilles

L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.

  • Condamnée en 1955 pour braquage à main armée, elle demande à ses parents adoptifs un avocat. En réponse, ces derniers révoquent leur adoption plénière. (donner c’est donner, reprendre c’est voler)

  • Morte à 29 ans des suites d’une opération, son mari attaque en justice l’équipe chirurgicale. L’anesthésiste et son chirurgien se verront condamnés en appel. Cette affaire parmi d’autres contribuera à améliorer les règlements sur l’anesthésie et les procédures postopératoires. (post mortem, pour elle)

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