#POGD 19 Not guilty

Une poésie par semaine dans ta boite mail

Rien ne marche. Il y a des jours, des semaines où rien ne semble fonctionner. Travail, amour, patrie, tout semble nous abandonner. Et plus nous mettons du cœur à l’ouvrage, plus nous avons l’impression d’être un hamster qui tourne sa roue à l’infini (ndlr* Aucun animal n’a été maltraité lors de la rédaction de cette newsletter).

Alors naît la honte, ce sentiment social d’infériorisation que décrit si bien le romancier Didier Éribon dans l’édition du 10 mai de la Grande librairie sur France 5. Le sentiment de ne pas être à la bonne place.

Oui, mais la poésie dans tout ça ? Justement, il n’y a pas plus libératrice et opérationnelle que la poésie dans ces moments-là. En quelques mots, le poème te décrit tes symptômes, tes doutes, tes peurs, ta colère. En praticienne expérimentée, elle décrit, analyse, diagnostique. Un peu comme le romancier ou l’écrivaine.

Mais là où la littérature prescrit, la poésie opère. Telle une ostéopathe, elle manipule pour réaligner. Un petit poème, une bonne claque sur l’épaule et on ressort ragaillardis. La poésie nous rend moins durs et moins coupables. Elle redonne ses ailes d’ange à notre humanité.

(*note de la rédaction)


Doucement avec l’ange

Pense à tes grimaces de fou entre tes murs

à ta passion d’enfant puni pour le rien faire

à la honte de ton nom la honte de parler

à tes hurlements de rage en direction du monde

à tes longs pets les soirs de contrariété

au désespoir de jamais réussir à être toi

à tous ces ratés queue en main bel étonné

aux hommes évalués d’un sale œil tout rancune

à ton envie quelquefois de mordre en pleine chair

à tes sursauts de peur au moindre bruit dans le silence

à tes adieux de lâche aux femmes abandonnées

à tes injures en secret vers les contradicteurs

aux bestioles massacrées à tes coups de pied au chien

à tes stations devant la glace en murmurant pauvre con

alors doucement avec l’ange hein doucement

Ludovic Janvier, La mer à boire, Poésie Gallimard

Anecdotes & Broutilles

L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.

  • Ludovic Janvier (1934 - 2016) enseigne un temps au lycée et à l’université. Extrêmement exigeant avec ses élèves, il voit à la rentrée de janvier son amphithéâtre aussi clairsemé que le crâne de Fabien Barthez. Il abrège sa carrière d'enseignant (prof ou poète, il faut choisir)

  • Poète né dans le 14e arrondissement de Paris, il se définit comme descendant tristement la rue de la Gaité. Une rue de l’arrondissement qui arbore encore aujourd’hui de nombreux théâtres et sexshops. (descendre la pente du vice ou bien monter sur scène)

    C’est tout pour cette semaine, n’hésite pas à partager cette newsletter à un ou une amie qui a besoin de se sentir pousser des ailes.

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